L'Algérie n’est plus en mesure de payer les fonctionnaires ?

Dinar Algérien

L'Etat algérien n'est-il plus en mesure de payer ses travailleurs exerçant dans la fonction publique ? Cette question brûlante revient avec insistance ces derniers jours. La raison ? Les salaires du mois d’avril n’ont pas été versés à temps aux fonctionnaires de plusieurs secteurs. C'est le cas notamment des travailleurs de l'Education nationale qui ont vu leur paye du mois en cours accuser un retard de plusieurs jours. Une situation qui a donné lieu à des mouvements de protestation dans de nombreuses wilayas du pays. 

L'autre signe qui corrobore cette hypothèse est cette dernière décision prise par le ministre des Finances, Aymen Benabderrahmane, à propos des salaires des fonctionnaires de l'Etat. En effet, le premier argentier du pays a adressé, le 17 avril, une note aux services du Trésor public l'autorisant à verser les salaires de l'ensemble des fonctionnaires de l'Etat à découvert, jusqu'au 1er juin prochain, sans attendre le visa des services du ministère sur les états des salaires.

Cette décision intervient au moment où les salaires du mois d'avril des fonctionnaires de plusieurs secteurs n'ont pas été versés à temps. Cette décision, palliative, a été prise suite aux mouvements de protestation déclenchés la semaine dernière par différentes catégories de fonctionnaires, afin de dénoncer le retard de plus d'une semaine dans le versement des salaires du mois d'avril.

C'est le cas notamment des fonctionnaires de l'Education nationale, qui ont observé ces derniers jours des mouvements de protestation dans plusieurs wilayas du pays.  A Oran et à Tizi Ouzou, les travailleurs, par le biais de leurs syndicats, sont montés au créneau pour réclamer le versement de la paye du mois d'avril, en observant un mouvement de grève au début de cette semaine.

Le versement des salaires à découvert ordonné

Dans la wilaya de Tizi Ouzou, le syndicat CNAPESTE, qui a déjà appelé à une grève de deux jours à la fin de la semaine dernière, est revenu à la charge dimanche. Dans une déclaration rendue publique le 18 avril, le bureau de wilaya du CNAPESTE a menacé de recourir de nouveau à la grève si le salaire du mois d'avril n'est pas viré avant le 19 avril en cours. Avec cette décision du ministre des Finances de verser les salaires à découvert, les pouvoirs publics vont-ils réussir à désamorcer la bombe d'une révolte des fonctionnaires ?

Il faut dire que cette question des salaires intervient dans une période cruciale pour la majorité des fonctionnaires de l'Etat. En plus de la pénurie de liquidité, en raison de sa résorption par le marché informel sans qu’elle ne retourne au circuit légal, et de la grève inattendue des postiers, il a fallu qu’un autre problème tombe sur la tête des fonctionnaires : le retard du versement du salaire du mois d’avril, coïncidant cette année avec le début du mois de ramadan qui impose des dépenses supplémentaires.

Un remake de la crise des années 1990 ?

La dernière grève des postiers qui a paralysé les bureaux de poste durant une semaine a ajouté de l'huile sur le feu. En effet, non seulement les travailleurs de la fonction publique ont été « privés » de leur salaire du mois d'avril, ils ont également fait face à l’impossibilité de retirer leur argent à la poste en raison de cette grève des postiers. Un autre problème qui s'ajoute à la récurrente crise de liquidité qui dure depuis plus d'une année.

Pour de nombreux observateurs, cette situation rappelle celle qu’a vécue l’Algérie au milieu des années 1990. Pour faire face à ses engagements vis-à-vis du FMI, dont certains sont liés aux salaires des fonctionnaires et des travailleurs, le gouvernement, qui avait à sa tête Ahmed Ouyahia, avait eu recours à une des méthodes exceptionnelles : la ponction. Pour pouvoir payer tout le monde, il fallait procéder à la source à une ponction sur les salaires dépassant un certain niveau.

Alors, la question qui se pose aujourd'hui est la suivante : cette crise du manque d'argent est-elle un signe de la faillite des caisses de l'Etat ou bien c'est juste une situation conjoncturelle ? Les prochains mois nous le diront.

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