Algérie : Quand la grande muette se mêle de la grogne sociale

Alors que Abdelmadjid Tebboune ne cesse de marteler que l'armée algérienne "se tient à l'écart de la politique", les sorties médiatiques de l'ANP indiquent le contraire. En effet, depuis le début du Hirak, l'institution militaire est omniprésente pour commenter les événements et donner des orientations sur la "sortie de crise". La dernière sortie de la grande muette dans la revue El Djeïch confirme qu'elle continue à jouer le rôle principal sur l'échiquier politique en Algérie. 

Ainsi, les observateurs signalent que cette sortie remet en cause le rôle institutionnel de l'armée. Ils trouvent étrange que l'institution militaire réponde aux revendications socioprofessionnelles des travailleurs. Certains observateurs estiment que l'intervention de l'armée dépasse ses prérogatives et porte atteinte au caractère républicain de l'Etat. D'autres considèrent comme dérives dangereuses les qualificatifs utilisés par l'institution militaire.

Les mouvements de grève qualifiés de manœuvres contre la stabilité de l'Etat

En effet, l'ANP qualifie les nombreux mouvements sectoriels de manœuvres contre la stabilité de l'Etat. La revue d'El Djeïch a affirmé que les ennemis de l’Algérie « ont opté pour des méthodes basses, les plus importantes consistent en l’exploitation des problèmes professionnels des travailleurs pour propager leur venin », et « les grèves qui ont poussé comme des champignons, dernièrement, sont la meilleure preuve ». Elle ajoute que « plusieurs indicateurs prouvent que ce qui est en train de se produire s’inscrit dans le cadre des tentatives vaines et désespérées de déstabiliser la sécurité nationale, en embrasant la rue, en suscitant la colère du peuple, en poussant à davantage de congestion pour que la situation finisse par exploser, dans l’espoir d’entraver les prochaines échéances électorales ».

La revue de l'armée a ensuite affirmé que « ce qui est certain, c’est que toutes ces manigances n’affecteront pas la conscience du peuple algérien, conscient des enjeux et qui refuse catégoriquement qu’on profite de sa situation sociale pour des marchandages à des fins douteuses ».

Cette nouvelle intervention de l'armée en dehors de ses missions institutionnelles confirme pour certains que "rien n'a changé dans le pays". Ils indiquent que si "l'armée est vraiment républicaine, elle n'a pas à se mêler des élections et des grèves". Pour les syndicalistes, cette intervention ne fait que renforcer leur détermination à aller jusqu'au bout pour arracher leurs droits. Plusieurs d'entre eux ont réagi sur les réseaux sociaux pour dénoncer la fuite en avant des décideurs qui "au lieu de répondre aux revendications des travailleurs lancent une campagne de désinformation et d'invectives".

Lire aussi : L’armée défend la « nouvelle Algérie » et menace l’opposition

Retour en haut
Share via
Copy link