Algérie : Abdelmadjid Tebboune réussira-t-il à casser le Hirak ?

Le président Abdelmadjid Tebboune avec une marche populaire en arrière plan

Tout porte à croire que le président Abdelmadjid Tebboune n'a pas vraiment l'intention de changer la politique du pouvoir à l'égard du Hirak. L'intention du chef de l'Etat est la même que celle de ses prédécesseurs. Il s'agit tout simplement de casser le mouvement populaire en cours en Algérie depuis près d'une année.

En effet, Abdelmadjid Tebboune semble aller dans le même sens que le régime dirigé par Abdelkader Bensalah et le défunt Ahmed Gaïd Salah. Ces derniers cherchaient effectivement des failles à exploiter dans le mouvement de contestation dit « Hirak » en vue de l'affaiblir. Et c'est ce que cherche le chef de l'Etat, notamment en lançant des consultations avec particulièrement des personnalités présentées comme proches du Hirak, à l'instar de l'ancien chef du gouvernement Ahmed Benbitour et l'ancien ministre de la communication Abdelaziz Rahabi.

Ce dernier s'est rendu au palais d'El Mouradia jeudi, 9 janvier, à la demande du président Tebboune. Il a rendu compte de cette entrevue dans une publication sur sa page Facebook. Il a dit avoir transmis "son inquiétude sur l'absence de confiance entre le peuple et le système politique". Rahabi a également évoqué avec Tebboune "la nécessité d'aller vers une large entente nationale pour sortir de la situation actuelle".

Rahabi va-t-il faire défection ?

Mais l'essentiel dans la publication est dans la dernière phrase : "J'ai ressenti chez le président de la République une intention et une volonté qui, j'espère, trouvera une concrétisation sur le terrain pour l'Algérie et son peuple" a affirmé l'ex-diplomate, comme pour ouvrir une brèche pour un ralliement proche. Abdelaziz Rahabi veut a priori tourner le dos au Hirak mais il veut que cela se fasse en douceur.

En fait, si le mouvement populaire enregistre un jour la défection de Abdelaziz Rahabi, elle ne sera pas la première. D'autres l'ont bien devancé. Ils ont fait défection avant même l'élection présidentielle controversée du 12 décembre qui a propulsé Abdelmadjid Tebboune au palais d'El Mouradia. C'est dire que les tentatives d'affaiblir le Hirak datent d'avant Tebboune. Et ce dernier ne fait que poursuivre l'oeuvre de ses prédécesseurs.

L'épisode du panel de médiation est encore dans les mémoires

Les Algériens n'oublieront certainement pas l'épisode du panel de dialogue et de médiation mis en place l'été dernier. Les membres de ce panel se disaient tous proches du Hirak. De nombreux hirakistes ont exprimé leur grande déception quand ils ont vu certains noms parmi les membres du panel en question. A l'instar de l'économiste Smaïl Lalmas, le journaliste Amar Belhimer et la juriste constitutionnaliste Fatiha Benabou.

La stratégie des responsables de l'Etat consistait à extirper des personnalités du milieu du mouvement populaire dans le but d'affaiblir et de finir par le casser. Et c'est exactement ce que cherche à faire le président Abdelmadjid Tebboune en invitant certaines personnalités à un dialogue caractérisé par une opacité totale. Comment le peuple algérien va-t-il réagir face à la défection éventuelle de certains personnages ? Ces défections pourront-elles ébranler son unité ? Seul l'avenir nous le dira.

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