Algérie : Cafouillage au sommet de l'Etat

Le président algérien Abdelmadjid Tebboune sur fond d'un Douanier et le logo de la télévision publique

Que se passe-t-il au sommet de l'Etat algérien ? Il y a comme une confusion qui ne dit pas son nom. Quand des nominations sont très vite suivies d'annulations, il est légitime de se poser des questions sur un cafouillage qui donne un sacré coup à la crédibilité de l'Etat.

La nomination lundi 3 février de Hakim Berdjoudj à la tête des Douanes algériennes, en remplacement de Mohamed Ouaret aurait pu être ordinaire. Notamment dans une période où un nouveau chef de l'Etat est censé placer des personnes de son entourage pour homogénéiser le fonctionnement des institutions de l'Etat. Mais cette nomination sera annulée quelques heures plus tard sans qu'une explication ne soit donnée aux Algériens.

Les responsables de l'Etat, inclut le président Abdelmadjid Tebboune, ne peuvent pas nier ce cafouillage puisque c'est l'agence officielle, l'APS, qui a annoncé la nomination de Hakim Berdjoudj comme Directeur général des Douanes algériennes. C'est aussi l'APS qui a annoncé quelques heures plus tard le maintien de Mohamed Ouaret.

L'Etat nomme et dégomme

"Hakim Berdjoudj a été désigné nouveau directeur général des Douanes, en remplacement de Mohammed Ouaret, nommé en avril dernier" avait annoncé l'agence qui démentira le soir-même cette information en affirmant que "Mohamed Ouaret assure toujours les fonctions de Directeur général des Douanes".

Le même cafouillage a eu lieu récemment avec la nomination du Directeur général de la télévision publique, l'EPTV. Il était question de mettre fin à l'intérim de Fethi Saïdi en vigueur depuis le 9 janvier. La nomination de Amar Bekhouche le 21 janvier et son "dégommage" quelques heures plus tard, a semé l'incompréhension parmi la population algérienne.

Le sérieux de l'Etat remis en cause

Beaucoup ont remis en cause le "sérieux" de l'Etat dans cette histoire de nominations et annulations. D'aucuns ont rappelé la fameuse nomination de Messaoud Benagoun, comme ministre du tourisme, remise en cause deux jours plus tard. C'était en 2017 et c'est la qualité de l'enquête d’habilitation qui a été pointée du doigt à l'époque du président déchu Abdelaziz Bouteflika.

Dans un système politique comme celui de l'Algérie, il n'y a que deux explications possibles à ce genre de cafouillages institutionnels. Et dans les deux scénarios, la crédibilité de l'Etat ne s'en sortira pas indemne. Dans les deux cas, l'image de marque de l'Etat aura reçu un sacré coup.

Manque d'expérience ou lutte des clans au sein de l'Etat ?

En effet, certains pensent que c'est le manque d'expérience de la nouvelle équipe dirigeante qui a engendré le cafouillage. Il faut dire que c'est un prétexte inacceptable quand il s'agit de la gestion d'un Etat. Ce n'est pas crédible, clament de nombreux d'observateurs.

Mais le pire des scénarios, c'est celui qui évoque une guerre des clans au sein du sérail. Certains lobbys refuseraient que le contrôle des Douanes leur échappe. Et dans ce cas, c'est le pouvoir même du chef de l'Etat Abdelmadjid Tebboune que l'on remet en cause. Parce que c'est lui qui a limogé Ouaret pour le remplacer par Berdjoudj. Et dans ce cas, une nouvelle question sérieuse s'impose. Qui a plus de pouvoir que Abdelmadjid Tebboune pour pouvoir annuler ses décisions ?

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