Algérie : Le Hirak a-t-il vraiment échoué ? (vidéo)

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Nous allons nous intéresser aujourd'hui au mouvement de contestation populaire, plus connu sous l'appellation Hirak, qui s'est déclenché en Algérie le 22 février 2019. Essayons donc aujourd'hui de répondre à la question suivante : le Hirak a-t-il échoué ? Avant de tenter de répondre à cette question, faisons un bref rappel des principaux événements qui ont eu lieu depuis le début de ce mouvement.

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Début du Hirak, départ de Bouteflika et premier échec de Bensalah

Tout d'abord, bien que ce soit la date du 22 février 2019 qui est souvent retenue comme celle du début du Hirak, en réalité, c'est le 16 du même mois qu'a eu lieu à Kherrata, dans la région de Kabylie, la première grande marche de contestation du 5e mandat de Abdelaziz Bouteflika. Le 22, des milliers de personnes sortent manifester dans plusieurs régions du pays pour rejeter la candidature de Bouteflika à un nouveau mandat.

Prises de court, les autorités restent dans un premier temps silencieuses, avant d'annoncer certaines mesures d'apaisement à partir du 11 mars, date à laquelle Abdelaziz Bouteflika annonce l'annulation de l'élection présidentielle prévue pour le 18 avril et la prolongation, de facto, de son 4e mandat. Ces mesures sont toutefois loin de satisfaire les revendications des manifestants, et Bouteflika est finalement poussé à la démission le 2 avril 2019, quelques heures après un communiqué du ministère de la Défense annonçant que l'armée considérait désormais comme nulle et non avenue toute décision émanant de la présidence.

Le président du Sénat, Abdelkader Bensalah, est alors nommé chef d'État par intérim et annonce l'organisation d'une élection présidentielle pour le 4 juillet 2019. Ce scrutin n'a finalement pas pu avoir lieu, mais Abdelkader Bensalah se maintient tout de même à la tête de l'État, alors que l'Algérie faisait face à un vide constitutionnel.

Montée de Gaïd Salah et élection présidentielle

Entre-temps, les forces de sécurité, qui étaient restées passives pendant les premières semaines de contestation, commencent à intervenir. Des personnalités, comme le journaliste Meziane Abane et l'avocat Salah Dabouz, commencent alors à être interpellées, puis relâchées. Le 12 avril, les forces de l'ordre tirent au gaz lacrymogène à l'intérieur du tunnel "des facultés" et utilisent des canons à son pour disperser les manifestants, ce que la DGSN dément malgré plusieurs témoignages.

À partir du mois de mai, plusieurs arrestations ont lieu parmi les anciens dignitaires du régime, mais également parmi les manifestants. Le chef d'état-major Ahmed Gaïd Salah appelle également les manifestants à éviter de brandir des drapeaux autres que celui de l'Algérie, ce qui est vu comme une volonté d'interdire le drapeau amazigh, fortement présent depuis le début des manifestations. Plusieurs manifestants ayant brandi ce drapeau sont d'ailleurs arrêtés alors que d'autres, qui en déployaient d'autres, ne sont pas inquiétés.

Au mois de septembre 2019, Abdelkader Bensalah annonce la tenue d'une élection présidentielle pour le 12 décembre de la même année. Fortement contesté par la rue, le scrutin se tiendra à la date prévue et sera remporté dès le premier tour par Abdelmadjid Tebboune sur fond d'une forte mobilisation populaire, réclamant notamment la libération des manifestants arrêtés et condamnés au cours des mois précédents. Le 23 décembre, soit 11 jours après l'élection présidentielle, le vice-ministre de la Défense, Ahmed Gaïd Salah, décède à son domicile. Le chef de l'armée algérienne était considéré comme l'homme fort et dirigeant du pays depuis le départ de Bouteflika, en avril de la même année.

Après la présidentielle

Loin de faiblir après cette élection, le mouvement de contestation se poursuit encore pendant plusieurs mois et demande, notamment,le départ de l'actuel président algérien, qui avait occupé des fonctions de ministre sous Bouteflika et qui, de fait, est considéré comme l'un des symboles du régime de l'ex-chef de l'État. Abdelmadjid Tebboune tente, pour sa part, des mesures d'apaisement avec essentiellement la libération de plusieurs détenus arrêtés lors des manifestations. Les manifestants ont, pour leur part, décidé de suspendre les marches de protestation depuis l'apparition, dans le pays, la pandémie due au coronavirus, au printemps 2020.

Le Hirak a-t-il échoué ?

Comme nous venons de le voir, le Hirak a réussi à mettre fin à 20 ans de règne de Bouteflika. Les autorités ont, en revanche, réussi à organiser des élections largement contestées par la rue et les marches de protestation ne se tiennent plus en Algérie depuis maintenant plusieurs mois. Mais peut-on parler d'échec du Hirak pour autant ? Eh bien, pas vraiment. En effet, malgré la suspension des marches en Algérie, plusieurs rassemblements sont toujours organisés par la diaspora à l'étranger, notamment en France et au Canada.

La condamnation de plusieurs acteurs du Hirak, à l'instar du journaliste Khaled Drareni, qui a écopé récemment de trois ans d'emprisonnement, suscite également de vives réactions et des critiques à l'égard des autorités algériennes. Alors, pourra-t-on voir à nouveau des manifestants défilant par millions à travers tout le pays après la fin de la crise sanitaire ? Ou le Hirak n'a-t-il été qu'une réaction momentanée due au ras-le-bol des Algériens après 20 ans de règne de Abdelaziz Bouteflika ?

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