Crise économique en Algérie : Comment éviter un chaos généralisé ?

Un port algérien comme arrière plan d'une courbe descendante de l'économie

Alors que tous les analystes s’accordent sur la persistance du risque d’effondrement de l’économie algérienne, le gouvernement tarde à mettre en place un plan d’action fiable pour éviter le chaos. Mohamed Achir, économiste et enseignant à l’université de Tizi Ouzou, revient sur la situation et propose des solutions à la crise, dans une interview donnée au journal El Watan et parue ce dimanche 19 avril.

Ainsi, l’expert affirme que « l’économie algérienne est déjà lourdement impactée par la dégringolade des cours du pétrole et la dégradation sans précédent de ses positions financières internes et externes ». Il souligne que « la crise budgétaire est doublée par la fonte continue des réserves de change ».

Mohamed Achir ajoute qu’« avec cette pandémie, l’Algérie fait face à des conséquences graves de la récession économique mondiale. L’OMC prévoit une contraction du commerce mondial qui devrait atteindre 32%. La désorganisation touchera les chaînes de valeur internationales et engendrera des pertes de productivité des facteurs et une instabilité des marchés internationaux »

Rareté des produits et augmentation des prix

Mohamed Achir prévoit des conséquences directes sur les le quotidien des citoyens. En effet, il prévient que « cette situation risque de créer une rareté des produits et une augmentation des prix. ». Il affirme que « l’Algérie, très fortement dépendante des importations, subira les conséquences néfastes de cette crise. Le protectionnisme des pays développés sera réactivé et les pays faibles subiront une inflation importée, avec en plus une réduction de leurs exportations. Ce qui touchera inévitablement à la fois les ménages et les entreprises algériennes qui s’approvisionnent à l’étranger en matières premières et produits semi-finis. »

Solutions préconisées

Mohamed Achir revient sur les solutions possibles en soulignant que « le président de la République a rejeté fermement le recours à la planche à billets et à l’endettement extérieur ». Il constate que «  La Banque d’Algérie a été abusivement sollicitée pour combler les déficits répétitifs, surtout avec le financement non conventionnel». L'économiste rejette l’option du financent non conventionnel et affirme qu’« aujourd’hui, il ne reste pas, à mon avis, de marges visibles pour un financement monétaire du déficit budgétaire. La dette publique avoisine les 50% du PIB et le déficit budgétaire prévisionnel pour cette année s’aggravera davantage avec la dégringolade des cours du pétrole et le ralentissement de l’activité économique causé par la crise sanitaire. Des mesures structurelles doivent être prises si on veut éviter un chaos généralisé ».

Mohamed Achir préconise de « procéder à une restructuration profonde des finances publiques et de fixer des règles budgétaires rigoureuses, mais sans qu’elles soient au détriment des couches sociales défavorisées et des classes moyennes ». Il ajoute qu’ « il est aussi temps d’évaluer et de réorienter l’action de l’Etat dans l’investissement public et les infrastructures (équipements publics, routes…), de revoir leur mode de financement, à travers notamment la mise en place d’une banque publique de financement des infrastructures. Et, surtout, faire un vrai audit du secteur public marchand ».

Lire aussi : Confinement : Quelles conséquences sur l’économie algérienne ?

Laisser un commentaire

Retour en haut
Share via
Copy link