L'espoir s'estompe en Algérie, selon le New York Times

New York Times-Hirak

Le prestigieux journal américain le New York Times a consacré, dimanche 4 octobre, un long article sur la situation politique en Algérie. Pour le média US, l'espoir est en train de s'estomper parmi les Algériens qui ont déclenché le mouvement populaire en février 2019 pour un changement de système politique.

L'article commence par des déclarations "engagées" et "optimistes" du chef de l'Etat Abdelmadjid Tebboune. Dans un entretien au New York Times, le président algérien a affirmé que l'Algérie était "désormais libre et démocratique" et que "l'ancien système avait disparu".

"J'ai décidé d'aller très loin dans la création d'une nouvelle politique et d'une nouvelle économie", a ajouté Tebboune, estimant qu'il est en train de construire "un nouveau modèle". Le chef de l'Etat se permet même de douter de la persistance du Hirak en s'interrogeant dédaigneusement : "Reste-t-il quoi que ce soit du Hirak ?".

Même Chanegriha a parlé au journal US

Même le chef de l'état-major de l'Armée algérienne (ANP) Saïd Chanegriha a été associé à ce coup de com qui a visé le lectorat de ce média de renom. Une première mondiale puisque jamais un militaire algérien n'a accordé une interview à un média étranger. Affirmant que l'armée était neutre, le chef de l'ANP n'a pas été très prolixe. "Comment voulez-vous que nous soyons impliqués en politique ? Nous ne sommes pas du tout formés pour cela", a-t-il souligné sèchement.

Mais au-delà du discours de ces deux responsables algériens, l'article du journal américain relève que Tebboune "a passé toute sa carrière sous le régime corrompu" dont il déclare aujourd'hui la disparition. "Mais les vieilles habitudes ont la peau dure dans ce pays d'Afrique du Nord, qui a connu près de 60 ans de répression, d'ingérence militaire, d'élections truquées et de très peu de démocratie", rappelle l'auteur de l'article.

Arrestations, répression, pandémie...

Pour le New York Times, "l'espoir s'estompe en Algérie" après plus d'une année de manifestations qui ont donné aux Algériens une raison d'espérer. A l'arrivée de Abdelmadjid Tebboune à la présidence, il n'y a pas de changement. Seulement quelques gestes d'apaisement, vite suivis par d'autres plus hostiles. Le média US rappelle que certains détenus politiques ont été libérés quelques jours après son installation au palais d'El Mouradia, mais les services de sécurité n'avaient pas tardé à en arrêter d'autres.

Aussi, le même média n'a pas omis de signaler la prééminence de l'Armée en politique, et ce, depuis l'indépendance du pays en 1962. Il soulignera le soutien de l'Armée sous le règne d'Ahmed Gaïd Salah à la candidature de Tebboune, en rappelant que les Algériens étaient hostiles à l'élection présidentielle du 12 décembre 2019 que Gaïd Salah leur avait imposée.

Le cas Khaled Drareni abordé

Inévitablement, l'article aborde la pandémie de coronavirus qui a mis fin aux manifestations des Algériens. Pour l'auteur de l'article, le pouvoir a profité de cette pandémie pour procéder à des dizaines d'arrestations parmi les activistes du Hirak. Il en a également fait une excuse pour fermer le champ politique et médiatique.

Le cas du journaliste emprisonné Khaled Drareni a aussi été évoqué par le New York Times, considérant que son emprisonnement a semé la peur au sein des médias en Algérie. La fameuse réplique du chef de l'Etat à son propos : "Il n'avait même pas de carte de presse", a été soulignée par le média qui rappellera, dans le même ordre d'idées, que notre confrère de Casbah Tribune avait déjà eu à interviewer Tebboune. Et même Emmanuel Macron.

Lire aussi : Algérie : Le Hirak a-t-il vraiment échoué ? (vidéo)

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