Une affaire de chantage sexuel sur internet secoue le Maroc

Revenge porn

Une affaire de "Revenge porn" secoue le Maroc ces derniers jours. En effet, cette affaire de sextape où la victime a été condamnée à un mois de prison alors que l'accusé est hors d'atteinte, a soulevé le courroux de plusieurs organisations marocaines.

La genèse de cette affaire remonte à fin décembre 2020. Une vidéo a été partagée sur les réseaux sociaux. Il s'agit d'une « sextape » où une femme voilée est filmée en plein rapport sexuel avec un homme dont on ne distingue pas l’identité.

La jeune mère célibataire marocaine a été jugée et condamnée à un mois de prison ferme. Elle a été accusée d'« outrage public à la pudeur » et « rapports sexuels hors mariage ». Des chefs d'accusation qui tombent sous l’article 490 du code pénal marocain. Elle est sortie de prison le 3 février 2021. Ce qui a relancé le débat sur la liberté sexuelle au Maroc ainsi que l'impunité dont a bénéficié l'auteur de la vidéo.

Ainsi, selon Ghizlane Mamouni, membre du Collectif 490 qui revendique la liberté sexuelle des femmes au Maroc, la jeune femme « s’est retrouvée, par moments, dans des situations de dénuement total. L’auteur de la vidéo exploitait cette situation. Elle nous assure qu’il l’a filmée à son insu ». Le collectif explique que l'homme a exploité le désarroi de la jeune femme. Cette dernière lui a raconté sa détresse sociale, contrainte d’élever seule ses deux enfants, dont l’un issu d’un viol alors qu’elle n’avait que 13 ans.

« J’avais tout juste commencé à construire une vie pour mes enfants et il a tout fait voler en éclats. Mon fils de 9 ans et demi m’a dit en pleurant au téléphone qu’il ne pouvait plus aller à l’école car ses camarades se moquaient de lui et l’insultaient » raconte-elle avec beaucoup d'amertume.

L'homme qui a filmé la vidéo a bénéficié de l’impunité

L'homme qui réside aux Pays Bas n'a pas du tout été iniquité, selon les avocates de la victime. L'une d'elles affirme que « le parquet s’est contenté d’émettre un avis de recherche national alors que nous espérions un avis au niveau international auprès de pays avec lesquels le Maroc a une convention de coopération judiciaire, tels que la France, l’Espagne ou la Belgique. Nous savons tous que la Hollande n’extrade pas vers le royaume ».

Quant au collectif 490, il affirme que la jeune femme « est victime d’atteinte à sa vie privée et victime des instances judiciaires et de la loi de notre pays qui, au lieu de la protéger et de condamner l’auteur de la diffusion, on fait totalement l’inverse ». Il ajoute que « cette affaire prouve encore une fois que ce sont toujours les mêmes qui se retrouvent derrière les barreaux, c’est-à-dire les plus fragiles alors qu’elles devraient justement être protégées par l’État ».

Le collectif constate que « ces femmes sont à la fois victimes de violences individuelles et de violence de la part de l’État, qui finit par les poursuivre ». Il faut préciser que le nom du collectif 490 fait référence à l’article 490 du code pénal marocain, punissant de prison les relations sexuelles hors mariage et l’avortement.

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